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Intermittence mon amour...

Extraits de l'article écrit par Paco Bialek, chargé de diffusion à Carnage Productions, In Stradda n°1 / juillet 2006.

Clamer haut et fort la « nécessité furieusement vitale de l'intermittence ». Sans cesse grignoté, le régime d'assurance chômage des intermittents est pourtant l'un des nerfs des arts du spectacle. Point de vue.

Pas un jour depuis septembre 2002 où je n'angoisse pas pour l'avenir du régime d'assurance chômage des intermittents. J'ai trouvé l'énergie de lutter et de mobiliser mais je constate que nous sommes peu, bien peu à angoisser et à réagir à cette angoisse. Même si c'est aussi par intermittence que nous pouvons nous investir, le temps d'un front commun et uni est plus que nécessaire car le système est grignoté à chaque négociation. Pourtant, on pense gagner un peu de répit grâce à quelques aménagements du protocole actuel, le mauvais, l'inique, celui qui est dénoncé par tous... Celui qui est néanmoins toujours vigoureux, pour ne pas dire en vigueur.

L'allocation transitoire est l'un de ces aménagements, elle a aidé plus de 22 000 intermittent(e)s depuis sa mise en oeuvre par l'Etat, un fonds de 80 millions d'euros ayant été « débloqué » pour l'occasion. Le fonds de professionnalisation qui lui succédera en 2007 en dit long, rien que dans son énoncé, sur la façon dont est considérée la profession par sa tutelle... (…) Nos éminences grises jonglent avec les chiffres et jouent à la poupée avec Pierre, Paul ou Jacques... C'est le jeu politique en cours qui se fait avec nos impôts, qui plus est, sous nos yeux. La bourse de secours s'amaigrit cependant car nombreux sont les allocataires de ce fonds transitoire. Pensez ! 20% des intermittents, une personne sur cinq ! Seulement, l'hémorragie n'est perceptible que si l'on s'intéresse de près au mal qui en est la cause (…)

La cause du mal insidieux, c'est la volonté affichée de réduire notre nombre. Pour l'exemple. Parce que nous sommes une verrue dans un monde de précarité et que ça ne se peut pas. Parce que nous sommes peu nombreux et que nous coûtons cher. Parce que nous sommes superflus en ces temps de disette sociale et économique et que c'est l'entreprise qu'il faut aider car c'est elle qui crée de la richesse. Pas les salariés. Pas les travailleurs. Pas nous. Surtout pas nous. Persona non grata dans un monde dirigé par des clubs d'entreprises et des milliardaires qui sont bien contents parfois de se distraire en allant au spectacle ou au cinéma mais qui oublient  systématiquement que leur plaisir a un prix qu'ils n'acquittent que très rarement au coût réel. Les moins riches, les plus pauvres, les sans-carte-de-­club mais qui vont au spectacle ou au cinéma de temps en temps comme beaucoup de Français, ils sont comme les autres, ils sont bien contents mais peu conscients que le coût de leur place n'est pas réel et qu'il faut bien que quelqu'un paye quelque part dans cette chaîne économique : je vous le donne en mille, le régime d'assurance chômage.

On ne le sait pas assez, on ne le répétera jamais assez : l'assurance chômage des intermittent(e)s est le garant d'une créativité et d'une richesse culturelle. Tous les spectacles créés en France le sont en partie grâce à l'intermittence. Tous les films, documentaires et reportages sont produits en partie (en très grande partie parfois) grâce à l'intermittence. Des milliers d'emplois de permanents professionnels du spectacle, de la télé ou du cinéma existent parce qu'il y a des artistes et des techniciens qui vivent en partie grâce à l'intermittence. Et beaucoup de monde trouve ça bien le spectacle, le cinéma, la télé... Et beaucoup de monde s'accordera pour dire qu'il faut que ça dure et qu'on doit éviter les saignées telles que celles qui nous fragilisent depuis quelques années maintenant. Il faut juste que ce monde sache.

Qu'on arrête de se voiler la face. Faisons le savoir. Que des logos sur nos plaquettes et nos affiches, sur nos lieux de représentations, dans les génériques des films le disent clairement cette oeuvre a été créée grâce au soutien de l'assurance chômage des intermittents. D'abord et avant toute autre aide publique ou privée, ce spectacle est soutenu par le régime de l'intermittence !

Qu'on exige des festivals qu'ils l'affichent aussi clairement sur leur programme, leurs affiches, leurs banderoles ! Que les artistes invités à la télé ou à la radio ne partent pas sans avoir mentionné leur régime d'assurance chéri, comme s'il s'agissait d'un coucou à sa vieille maman ou à sa dulcinée qui regarde en ce moment la télé avec les enfants ! Que sur les murs des villes de nos festivals soient placardées des affiches 4x3 sur la nécessité furieusement vitale de l'intermittence, pour ces villes même et pour les compagnies ! Que les cirques fassent état du nombre d'intermittents qui travaillent pour eux, chevaux, chiens savants et tigres blancs compris ! Que les salles de spectacle arborent fièrement au-dessus de leurs portes ouatées des devises définitives et incantatoires à la gloire de Dame Intermittence...

Que tout ceci sonne comme une provocation en ces temps de brutale répression ! Les récentes convocations policières à l'encontre d'intermittent(e)s soupçonné(e)s d'escroquerie auprès des Assedic ainsi que la chasse au travail dissimulé organisée depuis deux ans sur les festivals doivent nous mettre en alerte, si ce n'est pas déjà fait. Nous sommes tous une cible potentielle, et tant qu'un accord équitable et juste sur l'emploi intermittent ne sera pas trouvé, nous le demeurerons.

Paco Bialek

In Stradda n°1 / juillet 2006

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